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Des résultats à la Roche sur Yon qui méritent clarté et responsabilité.

Écrit par Bernard Violain le . Publié dans Elections

Bien qu’il soit trop tôt pour dégager tous les enseignements des dernières élections municipales en Vendée, où un choc terrible vient d’avoir lieu, je m’autorise cependant à verser au débat quelques réflexions personnelles pour éclairer sur ce qui vient de se passer à la Roche sur Yon. D’autres avant moi l’ont fait, comme...

...par exemple Maryse Souchard, ancienne conseillère municipale démissionnaire.

Je suis acteur de la vie politique dans cette ville depuis 1972, soit 42 ans d’activité politique, souvent au premier plan.

Il est incontestable que la situation nationale a joué un rôle de premier plan dans la défaite de la gauche, et ceci sans doute dès le premier tour. Dans son interview au journal Ouest-France du mardi 1er avril, la première secrétaire fédérale du Parti Socialiste, qui est aussi Députée de la Vendée, déclare : « J’ai mesuré l’ampleur du décalage entre ce que les gens vivaient et la politique gouvernementale… » Fin de citation ! Ce n’est pourtant pas faute de l’avoir alertée. A chaque fois nous avons trouvé devant nous un « mur ». Nous avons constaté le refus de voir la réalité en face. C’était de l’aveuglement. La sanction est sévère. Elle est sans appel. Que va alors faire Sylviane Bulteau, de retour à l’Assemblée Nationale, alors que le Président de la République déclarait dès lundi soir qu’il ne changerait rien à sa politique ? Va-t-elle alors décider de ne pas accorder la confiance au Gouvernement Valls, objet de tant de doutes et d’interrogations à cette heure ? Nous lui demandons de mettre ses paroles en actes.

Une fois évacuée cette question « nationale », le débat n’est pas clos sur les responsabilités locales. Je suis d’accord pour « jouer collectif », mais cette perspective ne s’adresse qu’au seul Parti Socialiste. La défaite est d’abord la sienne et elle est dure. J’ajouterai, mais personne n’en sera surpris, qu’elle vient de loin et qu’elle était inscrite dans l’ADN de l’équipe municipale qui a conduit les destinées de la ville de 2008 à 2014. Je m’en tiendrais à trois faits majeurs :

Le premier, c’est l’éviction des communistes de la gestion municipale en 2008. A cette époque, Pierre Regnault et son équipe ont décidé unilatéralement de rompre l’union de la gauche, avec l’ambition de décider eux-mêmes de qui devait représenter le PCF dans leur équipe. C’était adresser un double signe : la visée d’un chef qui ne voulait supporter aucune contradiction ; la volonté d’un seul parti d’affirmer sa suprématie sur tous les autres. De 2008 à 2014, tous les faits, tous les gestes, tous les actes n’ont eu de cesse de confirmer ce double signe.

Le second, c’est la grave crise qui a été ouverte entre l’Exécutif municipal et le personnel municipal. Dans une déclaration rendue publique le 22 janvier 2013, la section du PCF du Pays Yonnais alertait les Yonnaises et les Yonnais sur ce qui se passait au sein de la mairie avec la « valse » des directeurs généraux et d’un nombre effarant de directeurs de service. Depuis 2008, le « mal-être » s’est durablement installé dans les services. En janvier 2013, la section du PCF souhaitait des comptes et de la transparence. Elle demandait par ailleurs que le Conseil Municipal soit informé de toutes ces situations, qu’il puisse en délibérer et donner au maire un mandat précis en matière de politique de Ressources Humaines. Argumentant que ce qui caractérisait, ce qui identifiait et ce qui donnait du sens au service public local, ici à la Roche sur Yon, c’était sa capacité, son aptitude à agir pour prendre en compte le quotidien des habitants. Cette grave crise au sein des services municipaux et la situation toute particulière d’Oryon auront eu raison de bien des envies des personnels municipaux de participer à la campagne électorale près de leur maire. C’est une première à la Roche sur Yon.

Le troisième aspect, et non des moindres, c’est la capacité d’écoute des élus sortants. Toutes ces dernières années, les communistes, les militantes et militants du Front de gauche ont organisé des « Points de rencontre », des soirées conviviales dans la totalité des quartiers populaires. Il n’y avait nullement besoin d’avoir des « oreillettes » super puissantes pour entendre les grondements, puis les mécontentements et enfin la rupture entre la population de ces quartiers, se sentant délaissée, et le Conseil Municipal. Rupture qui a ensuite touchétoute la gauche, car ces populations en avaient vraiment « ras le bol ». De ceci nous nous en étions aussi « ouverts » avec des élus de la majorité municipale. Leurs oreilles étaient ailleurs.

Aujourd’hui le Parti Socialiste « autoproclame » Pierre Regnault comme « leader de l’opposition ». Disons-le tout net : ce n’est pas aider la gauche dans sa visée de reconquête. Le PS persiste et signe dans sa posture hégémonique.

Le Front de gauche, j’en suis persuadé, saura trouver les mots et les formes, le sens et le contenu pour construire une gauche réellement populaire, rassembleuse ; une gauche qui ne clive pas mais qui au contraire donne de l’envie au « travail en commun » pour assurer durablement le « mieux vivre ensemble ».

La liste conduite par Anita Charrieau, soutenue par le Front de gauche, par le NPA et de nombreuses personnalités de la vie locale a mené une campagne de propositions. Les deux élus du Front de gauche dans le Conseil Municipal vont continuer à porter ces propositions, en s’appuyant, s’il le faut, sur la mobilisation populaire. Le Front de gauche à la Roche sur Yon a vocation, comme partout dans le pays, à s’élargir à des militantes et militants des autres forces politiques de gauche (Ecologistes, socialistes, radicaux) qui ne se retrouvent plus du tout dans l’aveuglement du Président de la République et de son nouveau Premier Ministre. Une nouvelle ère du combat politique s’ouvre. Rien ne sera facile. C’est pourquoi il faut prendre le temps de donner la parole aux Yonnaises et Yonnais pour réellement comprendre le sens de leurs motivations et leurs aspirations ici et maintenant.

Tribune de Bernard Violain

La Roche sur Yon le jeudi 3 avril 2014.