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Le Front de gauche, une stratégie gagnante

Écrit par Administrateur le . Publié dans Elections

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Aux lendemains des élections municipales, nous sommes dans une situation qui attire notre attention sur plusieurs aspects.

Il y a un point sur lequel nous sommes d’accord : la défaite de la gauche n’est pas directement liée aux choix stratégiques. Liste Front de gauche ou alliance avec le PS, au final peu de différence. S’en tenir seulement à cette affirmation n’est pas suffisant.

L’état de l’opinion :

Ces longues semaines de campagne électorale, avec de très nombreuses initiatives populaires, visibles nous ont fait toucher du doigt une réalité sur laquelle il va nous falloir travailler. Nous ne sommes plus dans des rapports politiques figés avec les gens. Chacune et chacun vient désormais à la politique à partir de ses propres analyses, de ses propres réflexions. Ce n’est pas moins politique. C’est « politique autrement ». Les « arrangements d’appareils » sont pour beaucoup dépassés et sont de moins en moins opérationnels sur les comportements électoraux et comportements militants.

Les jeunes, tout particulièrement, sont dans d’autres logiques. Ils ne rêvent plus en général et ne rêvent plus de politique. Des fractures s’aggravent entre ceux qui peuvent, qui font des études moyennes ou longues et qui parfois s’expatrient et tous les autres dans une souffrance insupportable, qui sont déjà usés, y compris physiquement, dès 30 ans, qui viennent revivre chez leurs parents.

Les résultats en témoignent : les nouvelles générations transcendent les clivages. Ce n’est plus seulement du « nomadisme politique », c’est de l’autonomie avec tout ce que cela comporte comme imprévisions.

Il y a tout un travail de reconstruction d’espoir en remettant au cœur de nos pratiques de l’humanisme, de la chaleur. La politique est devenue un « objet froid ». Même entre nous.

Notre expérience en Vendée.

En Vendée, sur les 8 communes de plus de 10 000 habitants, dont une de 52 000, nous sommes parvenus à présenter 5 listes soutenues par le FDG dont dans celle de 52 000, la Roche sur Yon. Les 5 étaient conduites par un communiste, non pas à notre demande, mais après consultation démocratique de chacune de ces listes. Ces 5 listes ont fait des scores tout à fait honorables, proches des scores réalisés au premier tour de la présidentielle. A noter que le PS qui dirigeait 3 villes, qu’il a toutes perdues, était à la tête de seulement 3 listes.

Le PCF et le FDG ont participé à la construction de listes dans d’autres communes de 2500 à 9000 habitants.

Les 4 maires qui avaient soutenu le candidat du FDG à la Présidentielle ont tous été réélus au premier tour avec des scores importants et des majorités confortées. Un 5ème maire a aussi été élu dans un chef-lieu de canton.

On peut estimer à près de 400 le nombre de femmes et d’hommes qui se sont portés candidates et candidats sur des listes FDG ou à son initiative.

Nous en déduisons que le Front de gauche a été pour nous une stratégie gagnante sachant aussi que nous sommes dans un mouvement de reconstruction d’une gauche de proposition dans un département en pleine mutation. La Vendée file vers les plus de 800 000 habitants avec un nombre historique d’ouvriers et d’ouvrières, d’employés, de cadres. Près de 200 000 en tout dont 120 000 rien que dans l’industrie. Nous sommes loin du cliché, la Vendée « Bronze-cul ». C’est une « Vendée ouvrière » qui est en train de naître, département archi dominé à ce jour par l’UMP.

Sur les 5 communes de plus de 10 000 habitants la moyenne du score du FDG approche les 9%. Certes il reste du chemin à parcourir mais quand nous voyons ce qui se passe dans les départements voisins, les communistes de Vendée sont plutôt satisfaits de leurs choix politiques.

La situation au sein du Front de gauche.

Lors de la conférence téléphonée du lundi 7 avril, des responsables départementaux de la région Ouest ont fait état de difficultés avec le Parti de Gauche. Certes ce n’est pas un partenaire facile. Mais ce n’est pas une découverte. Dans notre département nous ne sommes pas mieux lotis, d’autant que le PG, s’il a un fort pouvoir de frictions est beaucoup moins en situation d’action et de mobilisation. Nous le savons. A quoi bon en rajouter !

On nous dit : « Il veut exercer une position hégémonique » au sein du Front de gauche. Peut-être ? Cela ne justifie pas de remettre en cause le FDG. Souvent dans notre Région les directions départementales du PCF ont choisi l’alliance dès le premier tour avec le Parti Socialiste. L’enjeu c’est de revenir aux intentions originelles du Front de gauche.

C’est vrai aussi que nous avons un sérieux problème avec les médias. Les communistes ont besoin de comprendre. Les médias nous censurent-ils vraiment ou est-ce nous qui sommes moins à l’offensive ?

Ce n’est pas la première fois que cette question est posée : de quel Parti Communiste y-a-t-il besoin aujourd’hui ? Un parti qui soit vraiment à la disposition d’un nouveau type de rassemblement à gauche, ni opportuniste, ni sectaire. Un parti pris de l’humanité. Celui que nous avons est encore trop en décalage avec la société telle qu’elle s’ébranle. Il faut avoir le courage de poser autrement notre organisation, de la rendre plus solidaire au plan national. Il faut un grand parti national et non pas une addition de structures locales.

A l’occasion d’une réunion où participaient des syndicalistes de quasiment tout bord, ceux-ci nous ont fait part du mal être qui existait dans le mouvement syndical. L’abstention a été forte dans les milieux qui luttent :

D’une part ils sont confrontés à la rupture opérée par le PS qui veut bien changer la société mais ne pas changer de société. Toutes ces dernières années l’accent a été mis sur les « réformes sociétales ». Et on s’est éloigné du débat et de l’action pour modifier en profondeur la structure socio-économique, celle qui génère tout un cortège de souffrances, avec son exploitation du travail humain et ses rapports de classes.

D’autre part, la crédibilité du Front de gauche n’est pas suffisante. Le programme initial du FDG est bien loin. Pourtant un important travail citoyen avait été fait. Nous avions fait participer des centaines de femmes et d’hommes. C’est comme si tout avait été abandonné pour en revenir aux logiques politiciennes des années 70. Nous sommes loin, très loin des attentes populaires. Il faut revenir à l’origine du Front de gauche : non pas une « machine électorale » que les uns ou les autres instrumentalisent, mais un espace de recherche, de construction citoyenne, de mise en relation de la diversité de la gauche qui va des socialistes jusqu'au NPA. Les abstentions ne représentent pas un « éloignement » des gens des lieux de décision et de pouvoir. Les gens ne s’y sont jamais autant intéressés. Ce qui les éloigne, ce sont les modes de fonctionnement des partis, les méthodes de gouvernance, les rapports entre « décideurs » et « usagers ».

Pour les nouvelles échéances à venir, sans stratégie claire et cohérente, nous serons mal. Je pense en particulier aux élections de 2015, les départementales et les régionales.

Perspectives.

Tout au long de ces dernières années, un important travail a été entrepris de reconquête de l’opinion. Il ne faudrait pas que les résultats des municipales médiocres ou trop moyens selon les circonstances, nous renvoient à des crispations notamment au sein du FDG.

On ne peut pas faire l’impasse sur le triptyque :

Résistance à la politique d’austérité du gouvernement

Bataille sans concessions contre la droite et le patronat

Construction de rassemblements sur la base de propositions précises.

Tout ceci en maniant sans doute plus et mieux, batailles politiques et batailles idéologiques.

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