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Energie éolienne : tempête sur la Vendée

Écrit par Administrateur le . Publié dans Energie

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C’est leur truc. Ce n’est pas le nôtre. Le débat sur l’énergie éolienne n’arrête pas de rebondir. C’est à celui qui fournirait le plus d’arguments « pour » ou « contre », mais aucun n’a une approche globale et ne veut regarder les problèmes de manière objective. Comme si la question énergétique se limitait au nombre d’éoliennes installées dans nos campagnes et désormais dans nos océans. Ce débat, très partiel, est entaché d’une autre question : l’emploi industriel. Là encore d’aucuns laissent entendre que la construction d’éoliennes représenterait un « gisement d’emplois ». Ils n’ont pas peur des mots !



La droite avec De Villiers et Besse, les Ecolos, le PS avec Auxiette et Clergeau…nous donnent l’impression de nous prendre pour des « charlots ».

Ce qu’il faut savoir c’est qu’aujourd’hui l’Éolien, le solaire thermique, le solaire photovoltaïque, la géothermie ne représentent au total que 0,7% de l'énergie primaire mondiale, 5,3% de la totalité des énergies renouvelables ou encore 2% de la production d’électricité.

On le comprend, illustrer un article de presse qui traite de la place des énergies renouvelables, par une photo d'éolienne, ou une photo de panneau solaire, contribue à nous donner une fausse idée de la réalité. C’est davantage devenu un sujet « clivant » qu’une réflexion de fond.

Dix viaducs de Millau…

Les plus grosses éoliennes ont une puissance de 4 MW, on parle maintenant pour l'offshore (Exemple de l’éolien en mer) de prototype de 10 MW, de gros progrès ont été réalisés en terme de fiabilité et de puissance. Malgré cela, le coût de l'électricité éolienne reste encore très cher et largement subventionné. Des obstacles physiques et techniques sérieux empêchent son déploiement comme moyen de production de masse. Le principal problème étant « l'intermittence », ou, dit autrement, le fait que le vent ne souffle pas « à la demande ». Ainsi pour produire la même quantité d'électricité qu'une centrale thermique de 1 300 MW (qui fonctionne à peu près 8 000 h par an) il faut installer quatre fois plus de puissance, soit 5 000 MW d'éolien. Le vent soufflant dans les meilleurs sites 25% du temps, c'est à dire 2 000 h par an, le reste (6 000 h) est comblé le plus souvent par des centrales à gaz à démarrage rapide (car le vent peut cesser en quelques minutes).

Tant qu'il n'y a pas de moyen de stocker l'électricité en masse, l'éolien reste très lié à un développement des capacités en gaz. L'éolien représente 1,3% de l'électricité mondiale, 1,4% en France, 6,5% en Allemagne. Pour un petit pays comme le Danemark (l'équivalent d'une région française), il est encore possible de produire 20% de l'électricité par ce moyen et importer de l'électricité auprès des voisins quand il n'y a pas de vent. À l'échelle d'un grand pays, la limite des 10% semble difficile à franchir, pour des questions d'équilibre du réseau, c'est la situation de l'Allemagne qui atteint difficilement ce chiffre (solaire + éolien : moins de 9% en 2011) malgré les milliards investis et en ayant saturé tous les sites possibles. Des usages futurs existent : le chargement de batteries pour les voitures électriques, ou des usines de fabrication de biocarburant seconde génération, qui peuvent être alimentées en électricité éolienne par temps de vent. Ce serait un des moyens possibles de stocker cette énergie et de pallier l’intermittence.

Certes, le vent et le soleil sont d'accès gratuit et une seule fraction de ces deux énergies pourrait subvenir aux besoins de l'humanité tout entière. Le problème est que ces deux énergies sont diffuses : pour produire l'équivalent d'un seul réacteur nucléaire (il y en a 58 en France), il faudrait 5 000 éoliennes de 100m de haut soit 800 000 m3 de béton pour les seules fondations, l'équivalent de dix viaducs de Millau. De plus il faut trouver 250 km2 de surface, et pas n'importe où, dans des endroits où il y a assez de vent !

Pour un Mix énergétique…

Par ailleurs, vu la quantité de matériaux en jeu, se pose la question de l'énergie grise, celle qui est nécessaire à la production de ces milliers d'unités : si les panneaux photovoltaïques sont produits en Chine, et si les éoliennes sont produites en Allemagne, deux pays dont l'électricité est produite à 80% au charbon et au gaz, on ne résout pas vraiment le problème. En France on parle d’une filière éolienne et le gouvernement accepte la fermeture des aciéries de Lorraine. Où est la cohérence ? Avec quoi va t-on fabriquer ces machines ? Enfin, chose peu connue, les aimants des rotors d'éolienne étant constitués de matériaux très rares, la demande correspondant à de tels chantiers sera bientôt incompatible avec les ressources disponibles sur terre.

Le débat sur la politique énergétique mérite d’être mené avec beaucoup plus de responsabilité et de recul. Le PCF milite pour un « mix énergétique » qui associe nucléaire/énergie renouvelable.

Nous aurons très certainement l’occasion d’en reparler à l’occasion du Congrès du PCF, car le droit à l’énergie est vraiment une question de société.


Article fait à partir d’études réalisées dans le cadre de la revue « Le Projet » du PCF.

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