Les migrants ont des droits : Respectons-les ! Défendons-les !
40 familles migrantes, pour la plupart venues de Tchétchénie et d’autres pays de l’Europe de l’Est ont, grâce à l’action du DAL 85 (Droit au Logement) et de ses soutiens dont la fédération départementale du PCF, pu trouver « refuge » dans les locaux réquisitionnés de l’ex-Pôle emploi de la Roche sur Yon, au 122 rue Gaston Ramon. Locaux assez récents, dont le financement avait été, pour l’essentiel, assuré par des fonds publics.
Pour la fédération de Vendée du PCF, il y a des enseignements à tirer de cet épisode de luttes inédites en Vendée.
Les migrations : Une nouvelle donne. Le droit à la dignité et à l’égalité, c’est un enjeu de société.
Depuis cette « réquisition militante », en date du 8 décembre 2012, beaucoup de ces familles avaient pu trouver une solution pérenne grâce, précisément, à la mobilisation citoyenne qui avait contraint le Préfet de la Vendée à renoncer à l’épreuve de force et qui avait aussi permis de faire échec à des mesures de justice inappropriées.
Il y avait encore trois familles dans ses locaux. Les forces de police de Manuel Vals sont intervenues, brutalement, mardi matin 9 juillet à 6 heures pour les déloger, sans d’ailleurs trop se préoccuper qu’une de ces familles avait des enfants en bas âge.
Les forces de police sont intervenues en début de semaine pour évacuer les trois dernières familles de migrants qui occupaient les locaux de Pôle emploi à la Roche sur Yon. Intervention assez musclée puisque ces forces de police n’ont pas hésité à fracturer en de nombreux endroits les portes extérieures comme intérieures, détériorant ainsi ce qui avait été préservé par les familles « occupantes ».
Les trois familles présentes n’ont offert aucune résistance. Une d’entre elles avait des enfants, qui ont été choqués de cette intervention sans vraie raison puisqu’il avait été convenu qu’une solution était sur le point d’aboutir. Finalement, la famille tchéchène avec enfants a pu être relogée par des amis.
L’action du DAL en Vendée a permis d’alerter les pouvoirs publics mais aussi l’opinion sur la situation alarmante de toutes ces familles qui ont du, à un moment ou à un autre, fuir leur pays d’origine terrassées par la mal-vie et la répression. Ce sont plus de 50 personnes qui avaient trouvé refuge depuis le 8 décembre 2012 dans les locaux de Pôle emploi. Locaux qui étaient inutilisés depuis la réforme du service public de l’aide à la recherche d’emploi et d’accompagnement des demandeurs d’emploi.
Dans cette affaire l’UNEDIC, propriétaire des lieux, n’a pas eu une attitude digne de ce que nous pouvons attendre d’un service pour qui le « social » devrait être le « marqueur ». C’est tout le contraire qui s’est produit. L’UNEDIC ayant à plusieurs reprises fait appel à la justice et à la police.
Nous nous félicitons que cette mobilisation à l’appel du DAL 85, à laquelle le PCF a pris toute sa part, ait permis de trouver des solutions humaines à la désastreuse politique du chiffre où l'essentiel est toujours plus de s'acharner sur les sans-papiers coûte que coûte, l'humanitaire devenant quantité négligeable. Cette intervention policière résonne comme l'ultime signal d'alarme d'une politique d'immigration devenue inhumaine et dangereuse.
L'origine des départs et la géographie des arrivées se sont considérablement diversifiées et étendues ces dernières années. Les deux tiers migrent dans des pays “pauvres”. Les plus forts mouvements de migrants vont de pays pauvre à pays pauvre, contrairement aux idées reçues. Les motifs et projets migratoires se diversifient. L'immigration est un phénomène social, révélateur des enjeux de notre époque. Il faut donc la traiter autrement que par le recours à la force. C’est pourtant ce choix que fait aujourd’hui le Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, mettant en cela ses pas dans les pires dérives que Sarkozy avait adoptées et fait partager à son gouvernement de l’époque.
Les communistes sont bien décidés à poursuivre le combat qui a trouvé une forte légitimité en Vendée grâce aux différentes actions du DAL et de ses partenaires.
L’immigration doit être reconnue. Il est nécessaire de faire la vérité sur la réalité des niveaux d'immigration. Il n’est plus possible de cacher ses motifs. Depuis quelques années, l'immigré est supposé coupable de tous les maux de la société. La falsification de la réalité est à son comble.
Les occupations, par réquisition, de locaux vides à la Roche sur Yon et leur mise à disposition de façon « militante » aux familles migrantes a permis d’ouvrir une brèche dans les politiques répressives et autoritaires de Sarkozy-Hollande-Guénant-Valls. C’est une bonne chose. Il faut continuer. Il ne faut rien lâcher. Les services de la cohésion sociale au sein de la Préfecture de Vendée ont dû céder sous la mobilisation citoyenne. La lutte continue.
La belle constance des migrants sans papiers à lutter pour le droit à une vie normale, légale, devrait suffire à disqualifier tous les discours sur la « non intégration ». Nous prenons le parti de faire vivre ce droit à la dignité et le droit à l’égalité pour toutes et tous.
Pour nous, les migrations sont devenues une nouvelle donne structurelle qu'aucun projet politique alternatif aux politiques libérales ne peut désormais ignorer.
La Roche sur Yon, le 11 juillet 2013.
Yves Berlain.